lundi 19 janvier 2015

2014, année des reccords, et 2015 est encore à venir....

La nouvelle a été commenté dans les divers journaux, l'année 2014 est officiellement l'année la plus chaude qu'il soit à la surface du globe. Cependant, il ne s'agit pas du seul seul record cette année. L'Europe a également connu une année extraordinairement chaude, marquée par la succession de violents épisodes pluvieux. En Californie et au Brésil, la sécheresse a durement frappé. Tout ces événements traduisent l'évolution rapide de notre climat, et menacent de plus en plus la stabilité de notre civilisation. Ici, nous ramasserons tout les records qui sont tombés, afin de vous présenter une vue synthétique de l'année météorologique 2014.

Anomalies des températures en surface par rapport à la normale du 20ème siècle. Crédit image, Goddard Institute for Space Study, National Aeronautic and Space Administration : GISSTEMP NASA



Records

En Belgique

Nous commencerons par notre pays, la Belgique. Cette année, la température moyenne a atteint un nouveau record depuis 1833. En effet, de Janvier à Décembre, la température a atteint 11.9°C à Uccle, siège de l'IRM. Le précédent record de 11.6°C établi en 2011 est aisément battu. Pour donner une idée du caractère exceptionnelle de cette valeur ; il s'agit là de la température annuelle habituellement enregistré dans la région de Poitiers à Cognac, quelques 600 kilomètres plus au Sud-Ouest.

Température moyenne annuelle à Uccle. Sources des données : Institut Royal de Météorologie

Avant 2011, les autres années particulièrement chaudes furent 2007 avec 11.5°C, 2006 avec 11.4°C et 1989 avec 11.3°C.

Il convient cependant de relativiser quelque peu ce record. En effet, une année civile s'étend de Janvier à Décembre. Pourtant, une quelconque période de 12 mois peut aussi être considéré comme une "année". Ainsi, en prenant une autre période de 12 mois, de Juillet 2006 à Juin 2007, la température moyenne a atteint 13.0°C... Pour trouver de telles valeurs, il faut habituellement descendre jusqu'à Pau, dans le pays basque français. De ce point de vue, la période qui s'étend de Décembre 2013 à Novembre 2014 a atteint une température moyenne de 12.1°C, et représente donc la deuxième période la plus chaude de l'histoire d'Uccle. Ce graphique illustre ainsi la température moyenne sur 12 mois quelconque à Uccle depuis le début des mesures.


Température moyenne sur 12 mois à Uccle, à comparer au graphique précédent. Sources des données : Institut Royal de Météorologie
Cette année aura surtout été remarquable par l'absence quasi complète de froid. Dans certaines stations météorologiques de Belgique il n'aura tout simplement jamais gelé entre Mars 2013 et Décembre 2014. De plus l'Hiver (saison qui va de Décembre 2013 à Février 2014) se sera distingué par le fait qu'il aura été le moins froid depuis 1833, n'étant cependant que le 2ème plus doux derrière l'Hiver 2006-2007.

Au Pays-Bas

À la station de référence du KNMI, à savoir De Bilt, des mesures sont effectués depuis 1706. Là aussi la température a explosé le plafond, atteignant la valeur de 11.7°C, soit un bon 0.5°C au dessus du précédent record de 11.2°C établi en 2007.

Température moyenne annuel à De Bilt, Pays-Bas. Source de données : Koninklijk Nederlands Meteorologisch Instituut
Cependant, nous pouvons faire la même remarque qu'en Belgique. Sur une période quelconque de 12 mois, les anomalies élevées enregistrées entre 2006 et 2007 gardent la première position.

Température moyenne sur 12 mois à De Bilt, Pays-Bas. Source de données : Koninklijk Nederlands Meteorologisch Instituut
Les Pays-Bas ont aussi connu un "non Hiver", certaines stations n'enregistrant aucun jour de gel durant la saison froide 2013-2014.

En Angleterre

Chez nos voisins britanniques, la température de l'année fut là aussi la plus douce qui soit. Chez eux les mesures commencent en 1659. C'est donc l'année la plus chaude depuis au moins 350 ans que nous venons de connaître...

Température moyenne annuel Angleterre, série de référence "HadCET". Source des données : Hadley Center du MetOffice
Le précédent record de 10.8°C établi en 2006 est battu d'une courte marge par l'année 2014, qui enregistre une température moyenne de 10.9°C.

Au Danemark 

Si le Danemark a lui aussi connu une année chaude, chez eux le caractère exceptionnel de 2014 est vraiment... exceptionnel. La température moyenne aura atteint la valeur de 10.0°C, ce qui pulvérise le record de 2007 avec une marge de 0.5°C, une marge conséquente si il en est. L'anomalie de température est de 2.3°C par rapport à la normale 1961-1990. Un tel niveau de température serait plus commun aux Pays-Bas ou en Belgique. De plus, chez eux aussi le nombre de jours de gel fut particulièrement faible, avgec en moyenne nationale 30.9 jours de gel. Le graphique de température n'a pas encore été mis à jour sur le site du DMI, en voici donc un aperçu avec la valeur de 2014 :

Température moyenne annuelle. Crédit Image : Danmarks Meteorologiske Institut

En Slovaquie


Tempértaure moyenne annuelle en Slovaquie. Crédit Image : Slovenský hydrometeorologický ústav
Pour la première fois de son histoire, la température moyenne en Slovaquie a atteint 10°C. Les anomalies dans ce pays sont extraordinaires. Certaines stations battent leur précédent record de température moyenne annuel avec une marge de 1°C, un écart énorme pour une année entière.

http://www.shmu.sk/sk/?page=2049&id=583

En Russie

Il faut aller aussi loin à l'Est que peut l'être la Russie pour trouver des températures qui ne soient pas à un niveau record. Le pays a ainsi connu sa sixième année la plus chaude, a égalité avec 2013. Le record chez eux reste à l'année 2007.

http://www.meteorf.ru/press/news/8727/

En Europe

Après ce rapide tour de différents pays européen (nous aurions pu continuer la liste...), il apparait clair que le continent a connu en 2014 une douceur exceptionnelle. Pour synthétiser, nous pouvons regarder la température moyenne à l'échelle du continent. L'année 2014 fut là aussi remarquablement chaude. À nouveau, l'ancien record remonte à la période chaude entre 2006 et 2007. Ainsi, la température moyenne pour le continent européen a atteint la valeur de 10.5°C de Janvier à Décembre 2014. Le précédent record établi en 20007 est battu avec une marge appréciable de 0.3°C.


Les anomalies positives sont généralisées à l'ensemble du continent :

Anomalie de la température moyenne annuelle pour l'Europe par rapport à la normale 81-10. Source des données : wiki de l'ECAD

Des recherches ont permis d'établir une reconstruction des températures en Europe depuis 500 ans, depuis 1500 de notre ère. Il en ressort que le continent européen n'a pas connu de telles températures sur cette période. Il s'agit donc de l'année la plus chaude depuis au moins 500 ans ; et possiblement même depuis 2000 ans d'après certaines estimations.

Un autre record notable est celui de l'humidité. Si nous prenons la région qui s'étend du proche Atlantique à l'Europe de l'Est, il est évident que 2014 a atteint un record en terme d'humidité. Il n'a pas fait seulement chaud, il a fait aussi humide.

Humidité spécifique annuelle à 925 hPa (environ 750 mètres), de 60°W à 20°E et de 35°N à 60°N, par année. Source des données : Réanalyse du NCEP/NCAR


Cette anomalie d'humidité a alimenté tout au long de l'année sécheresse et inondations sur le continent. En effet, si l'air est plus chaud, il évapore l'eau plus rapidement (penser à votre linge séchant au Soleil en Été...). L'air contient donc plus d'humidité. Mais dans l'autre sans, cette surcharge d'humidité donnera des pluies plus abondantes quand elle précipitera. L'humidité peut se mesurer de deux façons. Soit elle est mesurée en tant que masse de vapeur d'eau contenu par kilogramme d'air sec (représentation choisi ici). Soit elle est mesurée par le point de rosée, c'est-à-dire la température à laquelle la vapeur d'eau condense et devient liquide. Les deux méthodes sont équivalentes. Cependant, il est important ici de voir une logique assez simple. L'Océan est le principal pourvoyeur de vapeur d'eau à l'atmosphère. Plus la température de l'Océan est élevée, plus le point de rosée peut être élevée. Ce record d'humidité pour notre coin est donc à mettre en lien avec un Océan global très chaud, point que nous détaillons ci-après.

Pour le globe

L'année aura aussi été la plus chaude qui soit pour la planète. Habituellement, sur la planète, les records s'établissent dans un contexte El Niño. Nous avions parler ici même d'El Niño, et de ses conséquences :

http://previsionsmeteobelgique.blogspot.fr/2014/02/waterworld.html

Pour une rapide explication, El Niño est un réchauffement période de la surface de l'Océan Pacifique équatorial. Un événement El Niño commence généralement en Été-Automne, et ce finit au Printemps-Été de l'année suivante. Les années El Niño provoquent une hausse temporaire des températures globales, qui se superpose à la tendance au réchauffement. Les années El Niño sont donc généralement des années particulièrement agité du point de vue du climat.
Cette année, comme nous l’annoncions, un événement El Niño a commencé à se mettre en place. Il est cependant resté particulièrement faible, certain considérant que l'événement ne qualifiant d'ailleurs pas comme un El Niño (de la subtilité des définitions...). Le Pacifique est en tout cas dans une phase chaude.

Multivariate ENSO Index (MEI). Crédit Image : Earth System Reasearch Laboratory
Ce graphique présente l'évolution du MEI, un indice permettant de quantifier un événement chaud (El Niño) ou froid (La Niña). On voit que l'événement de 2014/2015 ne paye pas de mine en effet... Une carte des anomalies de températures de l'Océan en 2014 permet d'avoir une approche plus visuel.


Anomalies des températures de surface de l'Océan le 03 Juillet 2014. Crédit Image : Office of Satellite and Production Operations
L'anomalie le long du Pacifique équatorial, pointée par la flèche blanche, correspond au développement de l'événement El Niño.

Classiquement donc, un événement El Niño s'accompagne d'anomalies positives au niveau planétaire. Cette année, malgré un événement El Niño franchement faiblard, les températures ont réussi le tour de force d'établir un nouveau record. Et de dépasser la valeur des années 2005 et 2010, portée par un El Niño autrement plus important.



Température moyenne annuelle à la surface du globe. Source des données : NASA et NCDC

Le dernier point au dessus de tout les autres à la fin du graphique est bien sûr 2014. Les anomalies du NCDC sont légèrement plus élevées que les anomalies de la NASA, mais cela n'a aucune signification particulière. Les deux séries sont remarquablement alignées, et la tendance à l'accélération du réchauffement est nette. Le florilège des 11 années les plus chaudes est le suivant :

NOAA NASA
Année T NCDC Année T GISS
2014 0.69 2014 0.68
2010 0.65 2010 0.66
2005 0.65 2005 0.65
1998 0.63 2007 0.62
2003 0.62 1998 0.61
2013 0.62 2013 0.60
2002 0.61 2002 0.60
2009 0.60 2009 0.59
2006 0.59 2006 0.59
2007 0.59 2003 0.59
2012 0.57 2012 0.57

Les deux mesures sont très proches, la seule différence notable venant de la position de l'année 2003 et 2007 dans la série. Exception faite de l'année 1998, toutes les années dans ce tableau sont au 21ème siècle. Notons aussi les fortes chaleurs persistantes au niveau global depuis 2010. L'année 2010 établi un nouveau record, 2012 est aussi une année très chaude, 2013 ne passe pas loin du record, puis 2014 établi un nouveau record. Et il est vraisemblable que 2015 soit encore dans le haut du tableau.

Pour reprendre sur le sujet de l'Océan global, il est à noter qu'il fut particulièrement chaud. Le record de température en 2014 a été en large partie porté par un record des températures de la surface de la mer.

Moyenne annuelle de la température de surface de la mer (SST). Source des données : National Climate Data Center


En conséquence de quoi l'humidité spécifique a atteint de très fortes valeurs en 2014. Elle se place en troisième place, juste devant la valeur atteinte en 2013 et laissant à quelques distances les pics de 1998 et 2010. Ces deux dernières années furent des années avec un El Niño marqué, ce qui justifie les très fortes anomalies du contenu en vapeur d'eau de l'atmosphère.

Humidité spécifique annuelle à 925 hPa (environ 750 mètres) pour le globe par année. Source des données : Réanalyse du NCEP/NCAR

Conséquences

Contrairement aux apparences, l'année 2014 ne fut pas sans conséquences tangibles, y compris pour le citoyen belge, et ce même si nous n'en avons pas toujours eu l'impression.

Sécheresse en Californie

Comme nous l'annoncions sur ce blog il y a un an maintenant :

http://previsionsmeteobelgique.blogspot.fr/2014/02/waterworld.html

La Californie a été durement touché par la sécheresse. Les précipitations à San Francisco ont été lourdement déficitaire. Ce graphique du National Weather Service de la NOAA montre les températures et les précipitations dans la ville:



Petit détail technique, les étasunien compte en °F et en inches de pluie. Pour la conversion, 1 inch représente 25 mm environ de pluie (une journée bien pluvieuse d'Hiver, en général un mois belge typique accumule 60 à 80 mm de pluie). Cependant, la particularité de cette sécheresse n'est pas le faible niveau des précipitations ; mais bien la chaleur exceptionnelle. En effet, les fortes températures provoque une plus forte évaporation, et donc un asséchement plus marqué. Si le déficit de précipitations est remarquable, il n'est pas record. C'est bien le caractère absolument exceptionnel des températures en 2014 en Californie qui a fait la différence.

Température moyenne annuelle en Californie. Sources des données : National Climate Data Center

Une récente étude a ainsi montré que la Californie a connu sa pire sécheresse depuis 1500 ans, autant à cause du manque de précipitations qu'à cause des températures excessives.

D'après les estimations des assureurs, la sécheresse a pu coûté jusqu'à 4 milliards de dollars. Cependant, dans le cas d'une sécheresse, les impacts sont très difficiles à évaluer, les impacts étant généralement très diffus. Entre autre conséquence, le prix de la viande a grimpé au niveau global. La sécheresse persistante dans l'Ouest des USA a provoqué une contraction sans précédent des cheptels du pays.


Sécheresse au Brésil

Le Sud-Est du Brésil, la région de São Paulo, fut aussi sévèrement touché par la sécheresse en 2014, et continue d'être durement affecté. Les causes de cette sécheresse ne sont pas seulement le changement climatique. La déforestation de l'Amazonie a aussi contribué à assécher les masses d'airs. La forêt équatoriale recycle l'eau en permanence sur le continent, et contribue ainsi par une rétroaction positive aux fortes précipitations coutumières au Brésil. Cependant, l'Amazonie a déjà perdu environ 15% de sa superficie, et une superficie de 15 - 20% est déjà fragmentée et profondément altérée. Le manque de précipitations est ainsi probablement lié à la perte de la couverture forestière. Pour illustrer, les précipitations à São Carlos en 2014 :




Cependant, le réchauffement climatique aggrave la situation en augmentant l'évaporation. Ainsi, tout comme en Californie, non seulement il n'a pas plus, mais il a fait également particulièrement chaud. 

http://sao-paulo.estadao.com.br/noticias/geral,combinacao-de-seca-e-calor-extremo-agrava-crise-do-cantareira,1620492

La combinaison de ces deux éléments a été explosif.

http://earthobservatory.nasa.gov/IOTD/view.php?id=84564


Cette sécheresse a fortement réduit les exportations d'Arabica du pays, provoquant une hausse des prix mondial du café. De même, la région est une terre d'élevage. Le cheptel du pays a donc particulièrement souffert. Combiné à la sécheresse en Californie, ces deux facteurs ont contribué à alimenter de fortes tensions sur les prix de la viande au niveau mondial. Les marchés restent plutôt séparés, l'Europe a été moins affecté, mais fut malgré tout affecté par la hausse des cours mondiaux.

Tempête Ela du 8 au 10 Juin 2014

Entre le 8 et le 10 Juin 2014, plusieurs pays européens -France, Belgique, Allemagne- furent sévèrement étrillés par une vague orageuse. Cette catastrophe naturelle a l'honneur d'être sans doute la catastrophe plus coûteuse pour les assurances en 2014. Les chiffres varient un peu d'un réassureur à l'autre, mais restent similaires. Les trois catastrophes naturelles les plus couteuses pour les assurances sont donc la tempête Ela du 8 au 10 Juin 2014, un épisode orageux du 18 au 23 Mai aux USA, et une tempête hivernale au Japon du 7 au 16 Février. Ces trois épisodes ont causé des dégâts pour une valeur de 4 milliards, 4 milliards, et 5 à 6 milliards de dollars respectivement environ. De cette somme environ 3 milliards de dollars étaient couvert par l'assurance pour chaque événement. Si le tarif de votre assurance habitation a augmenté depuis l'année dernière, vous savez maintenant pourquoi...

Notons que ce ne sont pas les événements les plus dommageables de 2014. Le cyclone Hudhud en Inde a coûté entre 7 et 11 milliards de dollars selon les estimations, mais seulement 600 à 700 millions de dollars étaient couvert par l'assurance.

Conséquences sanitaires en Europe...

L'Europe a connu une année particulièrement douce et humide comme nous l'avons vu. Ces conditions climatiques ont été favorable à un nouveau venu, le moustique tigre. Cet insecte est originaire de l'Asie du Sud-Est. Avec la mondialisation et l'accélération des échanges, il a trouvé l’opportunité de voyager. Il s’est implanté dans les années 1990 en Italie, en 2005 en Catalogne, entre 2007 et 2010 en France. C'est ainsi que ce moustique a pu être aperçu à Anvers, une première fois en 2000 ; puis à nouveau en Juillet 2013 et Novembre 2013 :

http://reflexions.ulg.ac.be/cms/c_358639/fr/le-moustique-tigre-arrive-en-belgique

http://www.moustique.be/actu-societe/295185/les-invasions-barbares

Nous ne parlons évidement pas de changement climatique à ce niveau. Le moustique-tigre a saisi l’opportunité de voyager dans des vieux pneus usagés pour visiter les ports du monde. Cependant, il est sensible aux températures froides, et en particulier au gel. La hausse des températures en Europe a donc permis au moustique de s'implanter durablement et de devenir actif. Il n'est ainsi plus un simple voyageur croisé occasionnellement, mais un insecte endémique. C'est ainsi qu'à l'Automne 2014, les premiers cas autochtones de Chikungunya se sont déclarés à Montpellier, dans le Sud-Est français.

http://www.lemonde.fr/sante/article/2014/10/21/quatre-cas-autochtones-de-chikungunya-a-montpellier_4509891_1651302.html

Au total, onze cas furent recensés. Les températures atteintes en 2014 ne sont pas encore la nouvelle norme, et des hivers froids surviendront encore dans les années à venir. Pour autant, cette année à montrer la possibilité que des maladies comme la dengue ou le chikungunya deviennent endémique dans le Sud-Est européen d'ici quelques dizaines d'années.

Un autre enjeu sanitaire a aussi commencer à émerger, le caractère létal d'une forte humidité.  L'être humain supporte assez bien des températures sèches de 45°C ou 50°C. Dans le Sahara, des gens vivent dans de telles conditions. Par contre, une humidité élevée peut rapidement devenir dangereuse, voire mortelle. Quelque soit la tenue vestimentaire, un point de rosée de 35°C conduit rapidement à la mort. Pour l'instant, une humidité aussi forte n'a pas encore été atteint à la surface de la Terre. Pour autant, avec le réchauffement des Océans, ce seuil pourrait finir par être atteint, rendant inhabitable des régions entières.
L'Europe est encore assez loin de cette extrémité. Cependant, ces grandes vacances, il était courant d'entendre dire que l’Été était frais et pourri. La réalité est cependant plus nuancé et moins joyeuse. Le fait est que l'Europe de l'Ouest a connu un Été chaud et humide qui est un premier pas vers ces climats si humides qu'ils en sont invivables. Ainsi, les températures de Juillet furent particulièrement élevées, et l'impression de temps frais et pourri fut donné par la fréquence des pluies intenses et le manque de Soleil. Pour remettre en perspective, il faut savoir qu'en certains points de l'Amazonie par exemple il pleut un jour sur deux et le Soleil est encore moins présent qu'en Belgique. Pourtant il ne viendrait à personne l'idée de dire qu'en Amazonie, le temps est frais et pourri. Sans dire que la Belgique en Juillet, c'était l'Amazonie, il convient donc quand même de relativiser un peu.
L'Europe n'est donc pas encore arrivé au point où le climat devient invivable disions-nous, mais nous avons en Juillet en 2014 un petit "test". L'Europe Occidentale, entre le 16 et le 19 Juillet, a ainsi connu une situation très particulière. Les températures furent remarquablement élevées sans être exceptionnelles ni caniculaire ; mais elles se combinèrent à une très forte humidité. Cette vague de chaleur humide est probablement sans précédent pour la région. L'épisode fut heureusement bref, et nous avons évité une catastrophe sanitaire de même ampleur qu'en 2003. Pourtant, les chiffres de la mortalité pour la France par exemple, montre que la chaleur humide de ce mois de Juillet 2014 est sans doute mal passée.

Mortalité en pour mille en Juillet en France. Source des données : Institut national de la statistique et des études économiques
Les chiffres sont évidement dominés par les progrès de la médecine, qui font reculer la mortalité. Cependant, les chiffres pour 2014 sont au même niveau qu'en Juillet 2010 par exemple, autre mois caniculaire. Sur les 11 dernières années, Juillet 2014 se place ainsi en 4ème position en terme de mortalité en France, derrière les mois de Juillet 2006, 2013, 2010, tout les trois caniculaires et exceptionnellement chaud en leur temps. Qualifié l’Été 2014 de pourri, frais, et tout ce qu'on veut ; alors que les gens sont morts de chaud ; est donc malvenu.

La forêt de Soignes

Il n'y a pas que la population humaine a souffrir des températures anormalement élevées. La forêt de Soignes par exemple est aussi de plus en plus fragilisé par le changement climatique. Là encore, le problème est certes multifactoriel, mais le changement climatique rajoute un poids supplémentaire à l'évidence. La forêt de Soignes étant majoritairement composé de hêtres, le manque de diversité des espèces est un facteur de vulnérabilité majeure. Cependant, la hausse des températures a aussi un impact négatif. Il faut savoir que le hêtre ne se développe que dans des climats ou la température moyenne annuelle est comprise entre 5°C et 12°C. Les niveaux de températures atteint entre 2006 et 2007 et en 2014 représente donc la borne haute de ce que peuvent supporter les hêtres. Ainsi, la forêt de Soignes est de plus en plus mal en point. Environ deux tiers des arbres présentent déjà des signes de dépérissement plus ou moins avancés :

http://www.lalibre.be/actu/planete/le-climat-change-la-foret-de-soignes-aussi-52dfbf6d3570ba3e183ff169

De même, la flore a été particulièrement stressé cette année par le manque de froid. L'Hiver 2013-2014 remarquablement doux a empêché les arbres d'entrer correctement en dormance. En conséquence, la végétation a été très précoce. Cette absence de froid a même eu des impacts. Certains arbres fruitiers ont mal bourgeonné par exemple, ce qui a eu un impact négatif sur certaines cultures.

http://www.feef.org/Portals/0/La%20Presse%20parle%20de%20nous/2014-0514-FLD.pdf

Inondations dans les Balkans


L'excès de vapeur d'eau atmosphérique dû à un excès d'évaporation, a du se condenser sur certaines régions. En Europe, les Balkans ont particulièrement été touché par ces pluies diluviennes. Au mois de Mai, la Serbie et la Bosnie ont été frappé par les pires inondations de leur histoire. Les dégâts ont eu un coût qui s'élève à environ 6% du PIB de la Bosnie, et environ 2.5% du PIB de la Serbie. Nous rêvons d'une croissance à 2 ou 3% en rythme annuel, alors imaginons un instant une récession de 5% en rythme annuel... L'Europe a dépensé environ 60 millions d'euros pour venir en aide à la Serbie.

http://reliefweb.int/report/serbia/economic-cost-floods-serbia-and-bosnia

La catastrophe a mobilisé une réponse internationale bien sûr.

http://www.rs.one.un.org/organizations//UN%20Floods-FINAL%2010.pdf

Pourtant, il aurait coûté moins cher de s'inquiéter du réchauffement climatique, avant la catastrophe...

Conclusions

L'année 2014 est une anomalie positive dans un contexte de réchauffement climatique. Comme nous l'avons dit, l'année 2014 ne représente donc pas une nouvelle situation qui soit définitif. Pour autant, elle ouvre des perspectives sur ce qui pourrait être la norme d'ici 20 ou 30 ans seulement. Et le portrait brossé par cette année 2014 est inquiétant. Les experts ne sont guère prompt à souligner le caractère extrême et dommageable de certains événements. Il est en effet plus facile pour notre esprit de se mobiliser sur des événements ponctuels et qui marque une rupture franche, comme en ce début Janvier. Pourtant, si 12 personnes sont mortes à Charlie Hebdo, en France il y a eu environ 800 morts de "trop" en Juillet, 86 personnes sont mortes dans les inondations de Mai en Europe, etc... Et à chaque fois la menace, la charge symbolique, est tout aussi importante. Les risques liés au changement climatique ne feront que grandir avec le temps.

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